Une approche contextuelle de l’analyse de "on"
D’etudier les recherches grammaticales et semantiques sur le pronom "on" dans la linguistique moderne. Etudier les definitions et cas particuliers du pronom "on". Quelques descriptions semantiques. Etudier Une approche contextuelle de l’analyse.
Рубрика | Иностранные языки и языкознание |
Вид | дипломная работа |
Язык | французский |
Дата добавления | 11.05.2014 |
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1.2 Classifications grammaticales
Si ON est classifie comme pronom indefini dans les grammaires tradition-nelles, il est generalement considere comme un pronom personnel aujourd'hui. Plus specifiquement, il est habituellement classifie comme un pronom personnel indefini, ce qui indique nettement son statut grammatical complexe. Le pronom ON n'est pas tout a fait reconnu comme pronom indefini, ni tout a fait comme pronom personnel.
Les valeurs de ON decrites dans les grammaires et les dictionnaires sont, grosso modo, divisibles en deux categories : emplois indefinis et emplois definis pour des personnes determinees . Cependant, la valeur de l'indefini est la valeur de base et les emplois correspondant a d'autres pronoms personnels sont consideres comme des sous-groupes de la categorie principale. Ces emplois sont souvent decrits comme des emplois stylistiques, Rey-Debove, J. & A. Rey, Le Petit Robert de la langue francaise. Paris , 2007. le Bon Usage.
Il nous semble que la classification grammaticale de ON a souvent ete caracterisee par le recours a des criteres ad hoc. Les grammaires differentes invoquent des criteres etymologiques, morphosyntaxiques, pragmatiques et semantiques, mais n'arrivent pas toujours a evaluer l'importance relative de ces criteres.
1. Le Bon Usage
Le Bon Usage represente les grammaires “traditionnelles” et normatives. Cet ouvrage constitue donc un excellent exemple de la classification de ON du point de vue de cette tradition. Les treize editions de cet ouvrage permettent egalement de tracer d'eventuels developpements au cours de la periode de 1936 a 1993.
Dans un memoire sur le pronom ON, Larsen examine le developpement dans le traitement de ON dans le Bon Usage. Dans la 9eme edition, Grevisse condamne certains emplois de ON pour NOUS comme des vulgarismes ; cette condamnation a d'ailleurs ete retiree de la 10eme edition. Dans celle-ci, on souligne la complexite semantique de notre pronom, ainsi que ses relations de correspondance avec les pronoms personnels. Mais il s'agit la d'une revision d'ordre semantique, n'affectant en aucun cas la categorisation grammaticale elle-meme, car ON est toujours classifie parmi les pronoms indefinis.
Dans la 13eme edition du Bon Usage, datant de 1993, ON est classifie parmi les pronoms indefinis. Cependant, au sujet de l'emploi frequent de ON pour NOUS, Goosse remarque que “Beaucoup de grammairiens ont beau le deplorer, on est devenu un veritable pronom personnel.” Par consequent, Goosse propose «[ON] peut etre considere comme un pronom personnel indefini »
2. Togeby
La grammaire de Togeby classifie ON parmi les pronoms reflechis, parce qu'il depend du verbe et n'a pas de forme libre ; cette classification nous semble quelque peu etrange.
3. Dubois
Dubois propose egalement de classifier ON dans le paradigme des pronoms personnels, sur la base d'un critere de distribution. Selon cet auteur, «les distributions de on ne sont pas celles des autres pronoms dits indefini, comme aucun, chacun, quelques-uns, etc. ; cela suffirait a nous montrer qu'il s'agit de classes differentes ». Dubois, J. , Grammaire structurale du francais. Paris, ed: Larousse, 1965. Dubois souligne l'affinite du pronom ON non aux pronoms de la premiere personne, mais a ceux de la troisieme: «On se comporte donc comme il dans ses rapports syntaxiques avec le syntagme verbal ». Il soutient que ON constitue la negation du systeme JE - NOUS - VOUS : « La fonction de on est de se referer d'abord a tout ce qui n'est pas je et tu, nous et vous, c'est-a-dire a ce qui ne s'identifie pas avec les interlocuteurs pris separement ou en groupe ». Si les affinites entre ON et le singulier de la troisieme personne sont incontestables au niveau de la syntaxe verbale, la semantique de ON, et surtout son usage important pour NOUS dans le francais contemporain nous semble indiquer son appartenance au paradigme des pronoms de la premiere personne.
4. Wagner & Pinchon
Passons a la Grammaire du Francais classique et moderne par Wagner et
Pinchon, l'edition datant de 1991. Cette grammaire constitue en effet une excep-tion parmi les grammaires recentes, car elle retient la classification de ON comme pronom indefini. Ces auteurs soutiennent meme que « L'emploi systematique de on a la place de nous est un vulgarisme ». Wagner & Pinchon , Grammaire du Francais classique et moderne. Paris, ed: Hachette, 1991.
5. Riegel, Pellat & Rioul
Par contre, Riegel, Pellat & Rioul classifie ON parmi les pronoms personnels. Ces auteurs affirment que :
« Sa valeur de base est, en effet, celle d'un pronom indefini renvoyant a une personne ou a un ensemble de personnes d'extension variable, que le locuteur ne peut ou ne veut pas identifier de facon plus precise Cette indetermination le rend apte a fonctionner comme substitut de tous les autres pronoms personnels en rejetant leur referent dans l'anonymat ». Riegel, M., Pellat J.-C. & Rioul R., Grammaire methodique du francais. Paris, ed: Presses Universitaires de France, 1994. p . 104.
Cette grammaire a le merite de souligner la semantique comme un critere decisif pour la description des pronoms personnels. La semantique pronominale est decrite a partir de la reference, et elle est definie de la maniere suivante :
« Semantiquement, un pronom se caracterise par la maniere dont il refere a ce qu'il designe dans le discours. A cet egard, les pronoms sont des symboles incomplets (ou des formes ouvertes) dont le sens code comporte, outre des traits relativement generaux des instructions qui permettent a l'interpretant, moyennant diverses procedures inferentielles, d'identifier a quoi ils referent. »
Ces auteurs distinguent entre les modes de reference anaphorique, deictique et par defaut, dont ce dernier concerne les cas d'indecidabilite. Le mode referentiel du pronom ON n'est pas explicitement caracterise, mais les auteurs soulignent qu'un pronom puisse avoir plusieurs modes referentiels. A notre avis, c'est le cas pour ON, comme on le voit dans les exemples suivants, representant les modes anaphorique, deictique et par defaut respectivement :
1. Marie et moi, on etait allees au cinema
2. On est la depuis une heure
3. On est prie de ne pas fumer
La reference ne nous semble donc pas etre un critere suffisant pour la classi-fication grammaticale de ce pronom. Nous proposerons que le facteur commun de ces emplois ne soit pas leur mode referentiel, mais plutot leur forte dependance du contexte. Dans la specification des criteres semantiques pour la classification de ON, on devrait donc, nous semble-t-il, avant tout prendre en compte le potentiel pragmatico-referentiel de ce pronom.
Sommaire des grammaires
Pour resumer les descriptions des grammaires etudiees ici, on peut retenir que les emplois de ON sont, grosso modo, divisibles en deux categories : les em-plois indefinis et les emplois definis pour des personnes determinees. La valeur de l'indefini est toujours la valeur de base, et les emplois correspondant a d'autres pronoms personnels sont consideres comme des sous-groupes, et souvent classifies comme des emplois stylistiques.
Plusieurs etudes portant sur ON divergent sur la question de l'evolution eventuelle de sa description grammaticale. Selon Larsen (1984) il y a eu un developpement dans la classification de ON. Cet auteur propose une analyse d'un corpus de grammaires datant de 1928 a 1975. Au debut de cette periode, le pronom ON a ete classifie comme un pronom indefini. Mais dans des grammaires plus recentes, il fait partie du paradigme des pronoms personnels. Larsen dit que cette reevaluation est probablement liee a deux facteurs : d'abord le fait que les grammaires modernes ont revalorise le statut de la langue orale, ensuite par le fait que l'emploi de ON pour NOUS a une tendance croissante dans le francais contemporain, ce qui renforce la valeur « personnelle » de ON.
Dans un article tres interessant, F. Maziere presente une meta-analyse de la description du pronom ON dans les dictionnaires du francais, ce qui permet de nuancer l'hypothese de Larsen. Elle rapporte que la classification de ON comme veritable indefini semble plus accentuee dans une periode intermediaire, entre les premieres grammaires et les grammaires modernes, rejetant ainsi l'hypothese d'une ligne evolutive lineaire. Cette perspective diachronique soutient donc l'impression donnee par l'etude des grammaires, c'est-a-dire qu'il est difficile de classifier le pronom ON, et qu'il est difficile de reconcilier la classification grammaticale avec son emploi a l'oral.?
L'analyse diachronique indique egalement la grande plasticite de la classifi-cation grammaticale. Elle semble fluctuer au cours de la periode etudiee, sans qu'il soit pour autant possible de constater une ligne evolutive determinee. Il serait inte-ressant dans une etude ulterieure d'explorer les facteurs en ?uvre dans la classifi-cation, en prenant en compte les developpements dans le francais parle, aussi bien que les regimes epistemologiques des differentes traditions grammaticales.
Nous avons vu que le Bon Usage classifie ON comme un pronom personnel indefini. On retrouve egalement cette definition dans le Tresor de la Langue Francaise informatise et dans le Petit Robert (2007). La notion de pronom personnel indefini nous semble refleter la tension entre les valeurs indefinie et personnelle et le fait que la classification grammaticale n'arrive pas tout a fait a delimiter le fonctionnement de ON dans le francais contemporain, d'une part, et sa valeur inherente indefinie, d'autre part. Nous pensons que la notion du pronom personnel indefini constitue en effet un oxymoron qui essaie de resoudre les tensions creees par la complexite semantique de ON et l'absence d'une hierarchie coherente de criteres pour sa classification grammaticale. On pourra meme dire que la presence de cet oxymoron au sein du paradigme de pronoms personnels cree une breche dans le systeme entier de la classification pronominale, en ce sens qu'elle questionne les criteres classificateurs de la categorie des pronoms.
Au niveau micro, le contexte se definit par les mots et les morphemes dans le voisinage immediat de l'element etudie. Dans ce sens, la notion du contexte immediat rejoint celle du cotexte. Cependant nous pensons que la notion du contexte immediat sera plus juste dans notre cas, car elle permet l'inclusion des unites semantiques dans l'analyse.
Aux unites de l'expression correspondent des unites semantiques, etudiees par la microsemantique. Les notions pertinentes de la microsemantique sont le seme et le sememe. Le seme est un trait semantique distinctif et le sememe est un ensemble de semes, correspondant au morpheme du niveau de l'expression. Ainsi, le sememe « femme » est constitue (au moins) de l'ensemble des semes /du sexe feminin /et / humain / . Rastier, F. , Semantique et recherches cognitives. Paris, ed : Presses Universitaires de France, 2001.
Les semes sont definis par rapport a des classes semantiques. Rastier, F. ,,Semantique interpretative''. Paris, ed : Presses Universitaires de France, 1996. p. 88. A l'interieur de ces classes sont determinees des relations d'opposition et d'affinite entre les semes. Un seme generique est le trait commun d'un groupe de sememes dans une meme classe semantique, et le seme specifique est un seme distinguant un sememe d'autres sememes de la classe.
Ensuite, l'on distingue les semes inherents et afferents. Les premiers sont definis a l'interieur du systeme fonctionnel de la langue et les derniers sont socialement ou contextuellement definis. Selon les cas, un seme peut etre actualise, c'est-a-dire declenche par le contexte ou virtualise, c'est-a-dire annule par le contexte. Rastier, F. ,,Semantique interpretative''. Paris, ed : Presses Universitaires de France, 1996.
Ce modele est pertinent pour l'analyse de ON, car il permet de rendre compte de la maniere dont les elements du voisinage immediat agissent sur le contenu semantique au niveau micro. Nous montrerons que le pronom ON en tant que sememe contient des semes /indefini/ et /personnel/ qui peuvent etre neutralises ou actualises selon le contexte. Ces semes sont definis par rapport aux paradigmes dont ils font partie, ce qui est illustre par les deux ensembles dans la figure :
Ensemble |
Seme commun |
Seme distinctif de ON |
|
[on, ca] |
/indefini/ |
/humain/ |
|
[on je] |
/humain/ |
/non determine/ |
L'analyse des valeurs indefinie et personnelle de ON nous semble donc etre a la base du probleme de la classification grammaticale de ce pronom. Ce probleme sera plus visible si on compare la description du pronom ON avec celle des pronoms personnels. Dans le cas de ON, l'aspect indefini est souligne, meme si ce pronom a egalement des emplois de valeur personnelle. Par contre, les pronoms NOUS et VOUS sont traites comme de veritables pronoms personnels meme s'ils peuvent egalement etre employes dans un sens indefini, comme on le voit dans les exemples (4), (5) et (6) :
4. On a souvent besoin d'un plus petit que soi?
5. Dans quel temps vivons-nous!
6. Les livres, c'est comme les amis, on ne les choisit pas librement. Ils s'imposent sur vous.
Nous pensons que la presence simultanee des valeurs personnelle et indefinie constitue une propriete semantique commune a ON, NOUS et VOUS, ce qui pose la question de la classification de ON comme un pronom personnel indefini. Une classification coherente devrait, nous semble-t-il, prendre en compte ces affinites entre ON et les pronoms NOUS et VOUS. Par consequent, il nous semble que la notion de pronom personnel indefini devrait s'appliquer aux pronoms NOUS et VOUS aussi bien qu'a ON, ou bien qu'elle serait reconsideree et que ON serait classifie comme un veritable pronom personnel, ce qui nous semble en effet etre la meilleure solution.
Le pronom conjoint ON n'apparait qu'en position de sujet. Les formes correspondantes sont se, soi. Nous, nos, vous et vos s'emploient egalement comme formes disjointes et possessives. A la difference d'autres pronoms personnels il n'a ni genre ni nombre inherent, cependant il permet la coordination en genre et en nombre de l'adjectif et du participe passe.
Dans un article recent, C. Schapira propose une reevaluation de la morphologie de ON, en postulant en effet deux ON en francais :
« [...] le premier on, implicite dans l'infinitif verbal, serait le generique des pronoms personnels presentant le trait semantique /+humain/ ou, en d'autres termes, il serait le pronom personnel generique, se trouvant a l'origine de toutes les personnes - la personne virtuelle, contenant en tension tous les pronoms personnels sujets [...] le second on serait un pronom de troisieme personne, indefini, aux referents multiples ». Schapira C. , ON pronom indefini. Paris, ed: In Corblin, 2006.
Selon cette conception, le premier ON sature donc de quelque maniere le systeme entier des pronoms personnels. En poursuivant cette idee, cet auteur propose meme qu'il existe en effet un ON complement d'objet direct implicite, avec une reference a la notion de diathese. Selon elle, le ON complement serait implicite dans les constructions passives. Ces constructions ont pour correspondants des constructions actives dont le sujet est ON. Le ON de la construction active correspondante est donc sense etre sous-jacent de la construction passive. Si l'ubiquite de ON souleve bien la question des pronoms correspondants pour les complements d'objet direct et indirect, nous ne pensons pas que l'hypothese de Schapira permet de resoudre ce probleme. D'abord, l'hypothese de ON comme un pronom generique englobant tous les autres pronoms personnels nous semble peu probable. Nous soutiendrons plutot que les pronoms personnels constituent un systeme ou chaque pronom derive sa valeur semantique au sein du systeme. Dans cette perspective, aucun d'entre eux ne peut etre accorde un role plus important que les autres. Ensuite, l'hypothese que l'on peut qualifier un ON en fonction objet a partir du fait que ce pronom serait sous-jacent dans les constructions passives d'agent implicite ; cela nous semble discutable. S'il existe une relation de diathese, elle ne peut pas etre generalisee jusqu'a determiner le semantisme et la morphosyntaxe de ON. L'hypothese de Schapira n'est pas non plus analysable empiriquement, ce qui nous semble etre un critere essentiel pour la description de ON.
Les temps verbaux
Les temps verbaux constituent un parametre transgenerique qui se retrouve egalement dans d'autres genres que celui de l'article de recherche. En regle generale, les valeurs de caractere generique et indefini incluant ou excluant l'auteur (ON4, ON6) sont associees au temps verbal du present, tandis que les valeurs referant a des personnes determinees, incluant ou excluant l'auteur (ON1, ON2, ON3, ON5) sont souvent associees aux temps verbaux du futur et surtout du passe compose. Le temps verbal est egalement un facteur puissant pour l'identification des fonctions-auteur associees a ON. La fonction de l'auteur en tant qu'argumentateur est le plus souvent associee au present, tandis que les temps du futur et du passe compose sont le plus souvent associes aux fonctions de l'auteur en tant que scripteur et en tant que chercheur. Soulignons toutefois que l'influence du temps verbal est fortement influencee par les autres parametres contextuels,
comme nous le verrons dans les exemples.
Le present
Le present generalise est souvent associe aux valeurs indefinies de ON (ON4, ON6). Dans ces cas, il s'agit souvent de contextes de reflexion d'ordre generale. Dans le cas d'argumentation d'ordre generale, ON et le present sont souvent accompagnes d'adverbes permettant le « debrayage » de l'enonce, comme dans l'exemple suivant :
On ne parle generalement pas du contexte d'un seme, d'un trait semantique, de la categorie de l'aspect, de la modalite, de la notion de polyphonie, du theme, de meme qu'on n'envisage pas hors contexte ces entites : qu'est-ce qu'un seme hors contexte?
On retrouve egalement des cas du present historique, ou le present se refere au proces de recherche et par extension a l'auteur en tant que chercheur (ON1) :
Quelques jours plus tard, quand l'hemorragie de vitre s'est resorbee, on constate que la retine est bien en place et que la hyaloide posterieure est decollee en inferieur.
Dans ce cas, la reference est indiquee par les elements lexicaux faisant reference a l'objet de recherche (hemorragie, retine, hyaloide) et surtout par le syntagme adverbial Quelques jours plus tard, qui permet de situer la reference de ON.
Le futur
Ce que nous appellerons le futur metatextuel se refere a des parties ulterieures du texte, et est associe a la fonction de l'auteur comme scripteur et la valeur ON1, comme dans l'exemple suivant :Cette approche ne resout cependant pas tous les problemes d'identification sur lesquels on reviendra.
Le futur metatextuel peut egalement contribuer a l'inclusion du lecteur et la valeur ON2 :
On verra que dans l'echantillon retenu, ce seuil est le plus pertinent pour discriminer le comportement d'activite : les femmes sans enfant et les meres de moins de trois enfant ont quasiment le meme comportement ; ce n'est qu'a partir du troisieme que l'activite est moins intense.
Le passe compose
Le passe compose peut faire reference a des regimes temporels differents. D'abord, il peut renvoyer au proces de la recherche, comme dans l'exemple suivant :
On a pose a ces repondantes plusieurs questions concernant la sante preventive ; on leur a notamment demande si elles avaient deja subi un test de Pap et la date de leur dernier test (annexe).
Dans ce cas, ON sera associe a la fonction de l'auteur en tant que chercheur, correspondant a la valeur ON1. Le passe compose metatextuel peut egalement correspondre a la fonction de l'auteur comme scripteur et guide, dans ces cas-la, ON correspond a la valeur ON2, incluant le lecteur, comme dans l'exemple suivant :
On a vu precedemment que des unites de mesure empirique de durete ne sont pas pertinentes pour rendre compte de l'usage lexical de dur.
Dans cet exemple, l'adverbe precedemment permet de situer la reference temporelle a l'interieur du texte.
Dans l'exemple, le passe compose permet la reference a d'autres chercheurs (ON6), ou a la communaute de discours incluant l'auteur (ON3) :
Depuis 1980, on a rapporte chez des patients atteints de polypose adenomateuse familiale (PAF) l'existence de multiples lesions bilaterales d'hypertrophie de l'epithelium pigmentaire de la retine.
Dans cet exemple, il nous semble difficile de determiner la valeur de ON (ON3 ou ON6). L'association de ON au passe compose cree ici un flou referentiel, qui permet la representation des auteurs comme des membres de la communaute de recherche.
L'imparfait
L'imparfait permet egalement la reference au proces de la recherche et la fonction de l'auteur en tant que chercheur, ON1 :
Dans l'environnement du malade, on notait une maladie de Crohn chez un frere, une fibrose pulmonaire et un cancer bronchique chez un autre frere et une enteropathie inflammatoire mal etiquetee chez une s?ur.
Proverbes et maximes.
Dans une analyse de l'emploi de ON chez La Rochefoucauld, P. Attal propose
de distinguer des emplois de ON ou son referent est immediatement identifiable (nous, on est...) « [...] ou on double ou se substitue a un pronom personnel pleinement referentiel [...] » d'un cote, et de l'autre, des emplois dont le referent n'est pas immediatement identifiable et pour lesquels, par consequent, la reference doit etre ecartee comme critere semantique. Attal P., Emplois de ON chez La Rochefoucauld. Paris, L'information grammaticale, no 32, 1987 . p. 12-16
Attal souligne la contribution de la plasticite enonciative de ON au genre de la maxime. Selon lui, le potentiel semantique de ce pronom contribue a la caracterisation du genre en question : « Bouche-trou syntaxique ou substitut metalinguistique, on confere a des maximes ou a des pensees generales une tres grande souplesse » . Il souligne la grande flexibilite de ON, par rapport aux autres elements susceptibles d'occuper les memes positions dans la structure de la maxime :
« [ON] permet de conserver la structure de l'actif, plus naturelle que le passif; dans d'autres cas, il evite l'emploi de noms composes sur des verbes, moins maniables que des propositions [...] « Si on perd... » =
« La perte ». Il est moins marque que nous (generique) ou les gens, les hommes ; il est plus bref que ces derniers. Il a sur le style de La Rochefoucauld un effet que j'appellerai « condensateur » : son absence de « sens » fait porter l'attention sur le predicat [...] ; de plus, l'ecriture gagne en depouillement. » Attal P., Emplois de ON chez La Rochefoucauld. Paris, L'information grammaticale, no 32, 1987 . p. 12-16
Dans cette perspective, le pronom ON aura une influence decisive sur le genre de la maxime, aussi bien que sur le style personnel de La Rochefoucauld.
Emplois stylistiques
Les emplois de ON correspondant a JE, NOUS, TU, VOUS et IL/ELLE sont souvent consideres comme des emplois dits « stylistiques ». On fait generalement exception de l'emploi de ON pour NOUS en raison de sa frequence elevee dans le francais contemporain. Ainsi, Muller distingue entre des emplois stylistiques ou « [...] cette substitution de on a un pronom personnel comporte toujours une intention affective : ironie, mepris, tendresse, euphemisme, discretion affectee, bonhomie, etc. », correspondant a ON pour TU, ELLE, etc. Par contre, en ce qui concerne l'emploi de ON pour NOUS, ON n'a « [...] aucune intention de ce genre ; cet emploi n'existe qu'a l'epoque moderne et dans la langue familiere, voire populaire [...] » Muller C., Sur les emplois personnels de l'indefini on. Paris, ed :Revue de linguistique romane, 1970. p. 48-55. Francois de son cote affirme que les emplois stylistiques servent a « maquiller l'identite d'un ou de plusieurs animes que le locuteur ne souhaite pas designer directement, en general pour des raisons affectives. » Francois, J., Analyse enonciative des equivalents allemands du pronom indefini ON. Paris, ed:Klincksieck, 1984,
pp. 37-73.
Nous pensons que la notion d'emplois stylistiques souleve des difficultes dans la classification de ON. A notre avis, les valeurs affectives et stylistiques sont des valeurs discursivement definies qui ne sont pas necessairement restreintes aux emplois de ON pour des personnes determinees. La situation discursive doive toujours etre prise en compte car toutes les valeurs de ON ont le potentiel d'un effet rhetorique ou stylistique. Dans cette question, nous suivrons Leeman qui remarque le paradoxe qu'il y a a classifier les emplois de ON pour TU, VOUS, IL et ELLE comme des emplois stylistiques tandis que les emplois de ON pour NOUS sont classifies comme familiers, voire vulgaires.
CHAPITRE II. ETUDE SEMANTIQUE DU PRONOM «ON»
2.1 Descriptions semantiques du pronom «on»
La description de la semantique du pronom ON necessite une prise de position par rapport a la question de polysemie. Si la complexite discursive de ce pronom est au c?ur de la litterature, il est frappant que la question de polysemie ne soit pas generalement explicitement thematisee. Nous nous bornerons ici a une breve discussion de ces notions de polysemie et d'ambiguite pour etablir un fondement de nos analyses de ON.
Nous reconnaissons que l'interaction des differentes valeurs discursives soit une caracteristique essentielle du pronom ON. Pour cette raison, nous adopterons dans ce travail une conception assez generale de la polysemie sans pour autant prendre position sur tous les aspects de la polysemie.
Est polysemique tout terme susceptible d'avoir des valeurs interpretatives independantes. Nous suivrons la theorie de Fuchs selon laquelle,
«Les diverses significations d'une expression polysemique sont en effet construites sur un socle semantique commun et sont donc apparentees, si bien qu'elles ne se presentent pas necessairement, en contexte, comme disjointes et exclusives les unes des autres.» Fuchs, C., Les ambiguites du francais. Paris, ed: Ophrys, 1996.
Nous pensons que ON est un element polysemique, en ce sens que sa complexite semantique necessite le recours au contexte pour l'identification d'une valeur interpretative. En parlant de la polysemie de ON, il faut noter qu'il s'agit plutot d'un potentiel de polysemie, qui n'affecte pas necessairement les occurrences en contexte. En tout cas, la facilite avec laquelle ON s'emploie dans le francais courant indique que la polysemie de ON ne constitue pas une entrave a l'interpretation.
Pour affiner la notion de polysemie, Fuchs propose de distinguer entre deux ambiguites virtuelle et effective. L'ambiguite virtuelle designe le potentiel d'un terme polysemique a entrer dans des contextes ou il faut effectivement choisir entre deux interpretations contradictoires. L'ambiguite effective concerne les cas ou le contexte ne permet pas d'etablir un choix entre deux interpretations independantes. En effet, les cas d'ambiguite effective sont relativement rares, car le contexte permet le plus souvent d'identifier une interpretation appropriee. Ainsi, l'inclusion du contexte rend tres souvent les notions d'ambiguite et de polysemie caduques. En revanche, il y a des cas ou la polysemie entraine une indetermination interpretative, et nous pensons que c'est souvent le cas pour ON. Fuchs decrit ces cas de la maniere suivante :«de cas ou le contexte conduit a arreter l'interpretation en-deca d'une distinction tranchee entre plusieurs significations de meme niveau : ce qui est donne a comprendre se situe a mi-chemin entre plusieurs significations, participe un peu de toutes, neutralise leurs differences. » Fuchs, C., Les ambiguites du francais. Paris, ed: Ophrys, 1996. p . 136.
Il nous semble egalement important de noter une difference entre les polysemies lexicale et grammaticale. Les elements polysemiques lexicaux sont generalement plus faciles a interpreter en contexte que ne le sont les elements polysemiques grammaticaux. Les differentes valeurs des elements lexicaux sont generalement stabilisees en contexte, notamment par le genre discursif. Leur potentiel referentiel est egalement plus facile a circonscrire. En revanche, les elements grammaticaux sont susceptibles d'avoir un fonctionnement plus libre et leurs valeurs sont peut-etre moins stabilisees dans des contextes determines. La reference constitue egalement un critere interpretatif moins sur, comme le remarque Fuchs : «dans le cas des polysemes grammaticaux, il est beaucoup plus difficile d'epingler des differences de sens denotatif, de sorte que, sur fond de continuite semantique, l'alterite se laisse moins clairement apprehender».
Sens relationnel
Les differentes valeurs de ON sont evidemment au c?ur de sa description semantique. Les etudes anterieures de ON privilegient souvent l'une ou l'autre de ces valeurs, ou les traitent ensemble, mais dans une perspective plutot
dichotomique .
Il semble donc qu'il y ait une tendance a traiter les valeurs de ON separement, en tant que valeur indefinie et en tant que valeur personnelle. Dans la presente etude, nous nous questionnerons dans quelle mesure ces valeurs sont reellement distinctes. Si nous reconnaissons qu'il s'agit bien sur de valeurs differentes, nous admettrons cependant que ces valeurs ont en effet une interaction tres importante dans le discours ; ce qui a pour consequence une forte influence semantique mutuelle. Dans cette demarche, nous suivrons Boutet , qui remarque au sujet de la semantique de pronoms que «les valeurs semantiques ne sont pas necessairement decidables; l'ambiguite est centrale dans l'interpretation des pronoms ; les valeurs paradigmatiques jouent aussi un role dans la construction du sens». Boutet J. , La reference a la personne en francais parle : le cas de «on» . Paris, 1986.
La forte dependance du contexte implique, selon nous, que l'analyse du pronom ON doit privilegier une approche relationnelle. L'interpretation de ON necessite la prise en compte du contexte (l'axe syntagmatique), mais egalement la prise en compte des systemes d'oppositions dont ON fait partie (l'axe paradigmatique). Dans cette perspective, le sens de ON serait relationnel, car il se constitue en opposition avec d'autres elements linguistiques.?
Avant d'entamer la prochaine section, il nous semble important de distinguer une approche relationnelle, d'une approche que nous appellerons de substitution, selon laquelle ON sera remplacable par un autre element . Dans ces cas, il nous semble plus approprie de parler de correspondance. ON correspond aux pronoms personnels en ce sens qu'il peut avoir la meme position en discours, mais il ne s'agit pas la d'une substitution de terme pour terme. C'est pour cette raison que nous eviterons les notions de substitution et de remplacabilite pour adopter celle de correspondance. Dans cette perspective, la relation de correspondance est constituee par le(s) trait(s) semantique(s) commun(s), mais les elements correspondants sont egalement distingues entre eux par d'autres traits (actualises ou potentiels). Ainsi, [JE, NOUS, ON] constituent un paradigme, car les elements sont tous susceptibles de representer le locuteur, mais ils ont egalement des traits potentiels qui permettent de les distinguer en contexte (/nombre/, /indefini/) .
A notre avis, les notions de substitution et de remplacabilite sont souvent tellement vagues qu'on risque une analyse imprecise. Si nous reconnaissons que ON puisse se substituer a un autre element, et que leur fonctionnement discursif est semblable dans des circonstances determinees, cela est loin de vouloir dire que ces elements sont semantiquement equivalents. C'est donc ce qu'il faut preciser. A notre avis, cette relation entre ON et d'autres elements linguistiques sera mieux decrite par la reference a la notion saussurienne de la valeur. Dans cette demarche, nous suivrons F. Atlani :« On resiste aux tentatives qui viseraient a identifier son fonctionnement a celui des divers pronoms personnels, selon les enonces envisages. Ce n'est que par une etude contrastive de on, des marqueurs de la personne et de la non-personne qu'il est possible de rendre compte de la place unique que on occupe dans la langue. » Atlani, F., On L'illusionniste . Lille, ed : Presses Universitaire de Lille, 1984, pp. 13-29. Par consequent, dans le travail present, la relation entre ON et d'autres elements susceptibles d'apparaitre dans les memes contextes sera decrite comme une relation associative relevant de l'axe paradigmatique. Pour expliciter cette approche, considerons les paradigmes ou systemes d'oppositions dont ON fait partie.
Le paradigme des pronoms personnels de la premiere personne
Le paradigme des pronoms personnels de la premiere personne constitue l'ensemble de reference de defaut dans l'interpretation de ON. Cet ensemble constitue un fond de l'interpretation de ce pronom et influence la selection eventuelle d'une valeur referentielle. Les elements de ce paradigme ont une grande affinite avec le pronom ON, surtout en ce qui concerne leur fonctionnement discursif. ON, JE et NOUS peuvent tous avoir des emplois indefinis et generiques aussi bien que personnels, c'est-a-dire incluant le locuteur. Le tableau ci-dessous propose un apercu du paradigme de ON et des pronoms personnels de la premiere personne :Tableau 1. L 'ensemble de ON et les pronoms de la premiere personne:
Dans ce tableau, nous avons inclus les semes generiques et les semes specifiques des elements de l'ensemble [ON, JE, NOUS]. Pour illustration, regardons les exemples suivants :
1.Je suis parti vs.
2.On est parti
Dans ces exemples, on observe que le trait generique /-genre/ est actualise pour JE et ON. En revanche, il nous semble que le trait /+locuteur/ a ON serait neutralise dans ce contexte d'opposition avec JE. Par contre, si on avait pose l'opposition suivante, il y aura eu actualisation du trait /locuteur/ pour ON :?
3.On est parti vs.
4.Les gens sont partis
Notons que dans ce tableau nous n'avons retenu que les traits inherents, d'autres traits pourraient etre realises selon le contexte. En effet, le paradigme des pronoms personnels de la premiere personne est fortement conditionne par la situation discursive, notamment par les contraintes de genre discursif. Les membres de ce paradigme contribuent tous a des fonctions discursives tres importantes, susceptibles d'influencer leurs valeurs : la representation de MOI et de l'AUTRE, ainsi que les relations entre eux, notamment la solidarite, la politesse et la communication. Selon nous, ces facteurs doivent etre pris en compte dans l'analyse semantique de ON.
Le paradigme des pronoms indefinis
Le paradigme des pronoms indefinis etant tres heterogene, il nous semble difficile d'identifier des tendances univoques en ce qui concerne son influence sur l'interpretation de ON. En tout cas, il nous semble plus complique d'etablir des regularites dans l'interaction des membres de ce paradigme que dans celui des pronoms personnels de la premiere personne. Par consequent, nous nous bornerons a l'exemple de quelqu'un. Les exemples (5) et (6) montrent les affinites entre ON et quelqu'un :
5.On a sonne
6.Quelqu'un a sonne
Ces exemples permettent d'identifier le seme generique de ce paradigme, /indefini/. L'exemple (6a) montre la realisation du seme specifique /personnel/ par la modification du contexte :
6a. On a sonne trois fois, puis on est partis
La relation d'opposition avec les membres du paradigme des pronoms indefinis est pertinente pour l'interpretation de ON dans des contextes caracterises par la reference aux autres et par la non volonte d'identifier l'agent ou la source de l'information. Ainsi, c'est la valeur indefinie de ON qui est mise en jeu dans sa relation avec les membres de ce paradigme et c'est le trait /personnel/ qui constitue le trait distinctif de ON.
Le paradigmes des constructions passives
La relation d'opposition entre ON et la construction passive sans agent explicite se retrouve dans des conditions analogues a celles associees au paradigme des indefinis. Il s'agit souvent de contextes ou l'agent et/ou la source d'information sont effaces. Comme on le voit dans les exemples (7) et (8), certains emploi de ON ont des proprietes similaires aux constructions passives :
7.On a arrete les hommes
8.Les hommes ont ete arretes
Dans les deux cas, il y a une thematisation du fait que les hommes ont ete arretes, l'identite de l'agent etant consideree moins pertinente.
Le paradigme [ON, CA]
Finalement, le paradigme [ON, CA] est caracterise par les semes generiques /indefini/ et /deictique/ et le seme specifique de ON, /humain/. L'importance de ce paradigme est liee au fait qu'il rend explicite l'opposition entre l'humain et le non humain, qui constitue a notre avis un aspect important de la semantique de ON. L'emploi de CA dans l'extrait suivant montre tres bien l'effet discursif du jeu pronominal et des semes inherents et contextuellement definis :
9.« Et puis j'ai remarque l'ete dernier que la plage publique accolee a la Voile Rouge ne desemplissait pas. Ca sunbathait la, comme si de rien n'etait, et quand une Porche passait, meme une banale Boxster (entre nous surnommee la Porsche du pauvre a cause de son prix qui n'excede pas les trois cent mille), c'etait l'effervescence, ca en perdait son bob, ca lachait son panini ou son beignet, ca coupait son walkman, les bras vous en tombaient, vous n'arriviez plus a respirer et vos oh et vos ah couvrait le bruit du moteur ... » Muller C., Sur les emplois personnels de l'indefini on. Paris, ed :Revue de linguistique romane, 1970. p. 48-55..
D'abord, on remarque l'interaction des pronoms se referant a l'ensemble referentiel incluant le locuteur (JE, NOUS) et celui des autres (CA, VOUS). La distanciation entre les deux est intensifiee par l'emploi de CA, impliquant une deshumanisation de l'autre. L'emploi de ON au lieu de CA (on sunbathait la vs. ca sunbathait la) cree un effet de distanciation, mais beaucoup moins forte que l'emploi de CA.
Les effets textuels du remplacement de ON par CA indique selon nous qu'il y a une opposition semantique fondamentale en jeu, a savoir celle entre l'humain et le non humain. Cette opposition permet de mettre en lumiere le fait que le seme /humain/ constitue un seme inalienable du pronom ON.
Contamination semantique.
Les relations entre ON et les paradigmes dont ce pronom fait partie contribuent a un processus que nous appellerons contamination semantique. Par cette notion, nous entendons un processus ou le contenu semantique de ON est influence par la semantique d'autres elements des paradigmes dont ce pronom fait partie. Il nous semble que ce processus depend de la recurrence des paradigmes determines dans des contextes determines. Ainsi, la contamination semantique pourra etre definie comme la stabilisation d'une valeur de ON dans des contextes precis, conditionnee par les elements paradigmatiques susceptibles d'etre employes dans les memes contextes.
La concurrence semantique entre ON et NOUS est un exemple interessant
du phenomene de contamination semantique. Dans le francais contemporain, il semble en effet que ON soit en train de remplacer NOUS comme la forme non marquee du pluriel de la premiere personne, au moins dans des genres informels. Selon J. Rey- Debove, nous assistons a un processus de contamination semantique de ON par NOUS, phenomene qu'elle decrit ainsi :
«1. on tend au remplacement massif de nous, dont il menace l'existence a long terme.
2. on= nous efface progressivement l'emploi vraiment « indefini» de on [...] » Rastier, F. ,,Semantique interpretative''. Paris, ed : Presses Universitaires de France, 1996. p. 133.
S'il s'agit la d'une hypothese assez radicale, il semble neanmoins probable qu'il y ait une influence semantique entre ces deux pronoms, et que cette influence puisse apporter des changements dans le contenu semantique de ON a long terme.?
Cependant, il faut qu'elle se generalise a travers un nombre important de genres, avant que l'on puisse conclure sur cette question.
De son cote, P. Attal propose que la contamination semantique aille egalement dans l'autre sens. Selon lui, il y a un phenomene de contamination semantique de NOUS par le contenu indefini de ON :«c'est l'association de nous avec on qui nous fait dire que le pronom de la premiere personne est une forme d'impersonnel ; nous ne connait bien sur aucune des restrictions d'emploi de ON ; par consequent, il est impossible de decider objectivement quand on a affaire a un nous personnel et quand il s'agit d'un nous impersonnel.». Attal P., Emplois de ON chez La Rochefoucauld. Paris, L'information grammaticale, no 32, 1987 . p. 14.
Pour nous, cette hypothese souleve des doutes, vu l'emploi de ON dans le francais contemporain, ou ON est le plus souvent employe comme un pronom personnel incluant le locuteur, correspondant a NOUS. Cependant, ces propos ont le merite de remarquer le caractere indefini du pronom NOUS, un fait qui nous semble parfois sous-estime.
Statut enonciatif.
Le potentiel referentiel de ON implique une grande complexite quant au statut enonciatif. Il est bien connu qu'a la difference d'autres pronoms personnels, ON n'a pas un statut enonciatif inherent, et qu'il doit etre interprete a partir de chaque occurrence. Selon F. Atlani :« alors que c'est la forme meme des pronoms personnels qui permet de comprendre la place des locuteurs dans le proces d'enonciation, c'est l'interpretation de « on » qui permet de lui attribuer tel ou tel statut enonciatif. » .
ON peut se referer a la paire interlocutive aussi bien qu'a l'Autre de la situation d'enonciation. Son potentiel d'articuler la relation de MOI a l'Autre semble constituer une des specificites de ce pronom. Comme le remarque Detrie: « On, contrairement a nous, permet de passer insensiblement de je + non - je a non-je seul, en un effacement graduel de la subjectivite liee au je ».?
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