Les moyens linguo-stylistiques de letude du texte

Liens de la linguistique textuelle avec d’autres sciences. Objet de la linguistique textuelle. Limites de l’analyse linguistique du sens. Notion de texte dans la linguistique textuelle. Texte litteraire. Probleme definitoire du texte.

Рубрика Иностранные языки и языкознание
Вид курсовая работа
Язык французский
Дата добавления 28.01.2009
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Ces remarques ne doivent pas conduire les amateurs a negliger la composante nucleaire du materiau stylistique : le son, objet privilegie des esthetes qui se jouent dans la substance de l'expression. Mais n'oublions pas non plus que le materiau elementaire lui-meme de la mise en ?uvre stylistique est le mot, meme si l'unite stylistique experimentale est le texte. Une fois de plus, c'est dans le dynamisme d'une tension que peut positive-ment se deployer l'activite du praticien de notre discipline.

10. Notion de style.

La notion de style est determinante pour evaluer la convenance entre l'objet traite et la forme du discours. Le style, composante centrale de l'elocution dans les genres rhetoriques, devint naturellement une composante tout aussi centrale dans les genres poetiques une fois que ceux-ci furent reinterpretes par reference a ceux-la. Il en resulta que l'etude de la forme des genres poetiques ne fut plus seulement l'etude des moyens d'expression (prose contre vers) ou des modes d'imitation (imitation pure ou recit), mais finit par inclure aussi l'etude des niveaux de langue en convenance avec tel ou tel sujet (ainsi la langue de la tragedie ne saurait se confondre avec celle de la comedie) et accorda une place majeure aux elements ornementaux que sont les figures de rhetorique, pensees comme un element essentiel du pouvoir de seduction que l'?uvre litteraire doit posseder a l'instar de tout discours (notamment le judiciaire). Cela aura deux consequences terminologiques et disciplinaires : d'abord, le mot rhetorique finira par se specialiser pour signifier moins l'art de persua-der en general que l'art d'agencer des figures (ce qui, avec le temps, semblera tres formel et contribuera a un discredit provisoire de la rhetorique) ; ensuite, se dessinera peu a peu le champ d'une discipline qu'on appelle la stylistique, laquelle selon l'eclairage retenu, sera

-- etude des moyens d'expression (prosodie, metrique, rythme, etc.) ;

-- etude des modes d'imitation et, plus generalement, des formes de chaque genre (d'ou la notion de stylistique des genres, visant a identi-fier les invariants structuraux du texte theatral, du texte romanesque, du texte poetique, etc.) ;

-- etude des niveaux de langue ou, plus souvent, de la langue specifique de tel ou tel auteur (le style de Racine, le style de Chateaubriand, le style de Proust, etc.) ;

-- etude des procedes ornementaux, c'est-a-dire des figures (par exemple, l'etude des images dans un texte).

11. Langue et style

On ne reviendra pas ici sur la definition de la langue pour elle-meme ; on rappellera qu'elle se presente comme un systeme grammatical commun, pour une epoque donnee, a l'ensemble des locuteurs d'une meme com-munaute linguistique. Face a ce systeme, comment definir le style ?

Marque de la personnalite d'un locuteur dans le discours qu'il prononce (ou qu'il ecrit), le style est souvent caracterise par ses traits distinctifs : il etait au XVIIe siecle ce « je ne sais quoi », difficile a definir mais reconnaissable, qui individualisait toute production.

Cette conception se rencontre encore chez O.Cressot, pour qui le style, relevant de la parole, est « le choix fait par les usagers dans tous les comportements de la langue ». Ainsi, l'usager du francais, desirant communiquer un refus, aura le choix entre : Je ne peux pas, je ne puis, je ne saurais, etc.

Ce choix peut etre conscient ou ne pas l'etre : il constitue cependant un ecart entre la langue et la realisation individuelle qu'est la parole. Ainsi defini il apparait comme « le choix que tout texte doit operer parmi un certain nombre de disponibilites contenues dans la langue ». Definir le style consistera donc a degager les composantes de ce choix. Mais le discours d'un locuteur (d'un ecrivain) peut s'accorder plus ou moins au choix conscient de formes grammaticales et syntaxiques : la part peut varier entre l'art qui choisit et la nature qui impose. Pour tenir compte de cela, R.Barthes distingue dans ce que nous avons appele « style » le style et l'ecriture. Langue et style sont, selon Barthes, deux choses qui s'imposent a l'ecrivain et dont il n'est pas responsable. La langue est un « objet social » et, comme telle, elle « reste en dehors du rituel des Lettres »; elle est « en dehors de la litte-rature » .

Le style « est presque au-dela » : « Des images, un debit, un lexique naissent du corps et du passe de l'ecrivain et deviennent peu a peu les automatismes memes de son art. ». Phenomene d'ordre germinatif, d'origine biologique, le style est «une necessite qui noue l'humeur de l'ecrivain a son langage ».

A ces deux natures, R. Barthes oppose l'ecriture qui resulte d'une inten-tion et d'un choix ; l'ecriture est alors un engagement, une fonction, un « acte de la solidarite historique ». Fenelon et Merimee, par exemple, emploient une langue differente, mais acceptant le meme jeu de conventions, il ont la meme ecriture ; au contraire, Merimee et Lautreamont utilisent le meme etat historique du francais, mais leurs ecritures sont profondement differentes. Langue et style sont des «objets»; l'ecriture est une fonction. Elle l'est de trois manieres :

a) Elle est un signal : genre litteraire, ton, le texte se designe comme «litterature » ; l'art de Flaubert perpetue chez Zola fonctionne comme un signal de « litte-rature » dans le roman proletarien et revolutionnaire.

b) Elle est une valeur : elle altere le sens des mots auxquels elle donne des valeurs nouvelles ; elle est intimidation, accusation ; democratie, liberte, ordre, etc. changent de sens selon l'ecriture ideologique qui les emploie.

c) Elle est un engagement : elle exprime l'attachement a un ordre, a une classe. Il existe en effet des ecritures de classes, des ecritures ideologiques; les adopter, c'est par la meme affirmer une adhesion.

La langue est, avons-nous dit, l'ensemble des moyens dont disposent pour communiquer les usagers d'une meme communaute linguistique. Ces moyens ne forment pas un ensemble homogene, identique malgre les temps, les lieux et les groupes. Au contraire, existent des sous-systemes qui, dans un texte, interferent frequemment. C'est a la stylistique de les demeler et de rendre compte de leur utilisation.

Une histoire de la langue francaise permet de dresser un inventaire (incomplet bien sur) des moyens linguistiques d'une epoque et d'un groupe donnes. Le lexique et la syntaxe des gentilshommes du XVIIe siecle ne sont pas tout a fait ceux des philosophes du XVIIIe, qui different encore de ceux des jeunes gens romantiques de 1830. Ainsi existe-t-il des langues d'epoques, mais aussi des langues de classes sociales et des langues de groupes sociaux : langue des paysans, des intellectuels, des bourgeois ; langue de l'Administration, de l'Universite, de l'Eglise ; langage des corps de metiers, des techniques diverses, des partis politiques, des mouvements d'idees ; argot des lyceens et des etudiants (de l'ecolier limousin de Rabelais jusqu'a nous), des spor-tifs, des journalistes, des « mauvais garcons», des militaires, etc. A tout cela s'ajoutent encore les traits regionaux fournis au francais par les langues ethniques (breton, catalan, occitan, basque, etc.) et les traits que l'age et le sexe contribuent a distinguer (parler des enfants, opposition du lexique jeunes gens/jeunes filles). Tout cela represente une masse considerable de faits que la stylistique ne pourra ignorer puisque style et ecriture puisent leurs materiaux dans cette masse.

Chaque style individuel ou collectif sera choix dans cette masse. Ainsi pourra-t-on admettre avec H.Morier un classement des styles (style pindarique, onctueux, pastel, intime, nom-breux, plastique, etc.) groupes en «caracteres» (faibles, delicats, equilibres, posi-tifs, forts, hybrides, subtils, defectueux). H.Morier aboutit a 70 types de styles, chiffre important et derisoire puisqu'il semble a la fois multiplier les sous-categories dont les limites interferent et ne pas dire cependant ce qui est specifi-que au Zola de Germinal et au Baudelaire de La Charogne, tous deux classes dans le style naturaliste epique.

On remarquera que les denominations memes des differents styles sont relativement « laches » et qu'elles ne dessinent pas des contours d'une grande nettete. On remarquera que ces denominations relevent ou d'un certain impressionnisme ou du lexique de la caracterologie. Cela n'a rien d'etonnant : le style (style -- temperament -- + ecriture -- choix volontaire) est chose complexe, phenomene ou se rencontrent des traits qui appartiennent a la biologie, a la psychologie, a la sociologie, a la culture de l'individu qui ecrit.., et ces traits peuvent etre plus ou moins conscients, plus ou moins voulus. Et meme si la stylistique doit s'efforcer d'etablir ses propres categories et ses classements propres, elle ne peut pas ignorer que l'objet de son etude est un fait humain riche de rencontres diverses. « ... Si le style est lie au temperament, au caractere, a la condition sociale, a la vision de l'homme, comme cela est generalement reconnu, il est clair que la science du style doit se fonder sur une etude ration-nelle de ces relations ».

Pour R.Jakobson, il y a style lorsqu'un enonce est produit pour lui-meme (« la visee du message en tant que tel ») et non pas uniquement pour transmet-tre une information. Ainsi un enonce tel que La lune monte dans le ciel et luit a l'horizon ne vise qu'a communiquer une observation ponctuelle. Au contraire, cette communication s'accompagne d'une elaboration -- acte volontaire par lequel on transforme un message ephemere en une forme durable -- lorsque Lamartine ecrit:

Et le char vaporeux de la reine des ombres monte et blanchit deja les bords de l'horizon.

Cette elaboration qui definit le style met en relief l'acte poetique volon-taire. Mais elle se trouve devant deux difficultes :

-- Une difficulte theorique : cette position tend a concevoir le style comme un ornement qui s'ajouterait au message ;

-- Une difficulte pratique : le resultat de toute elaboration n'est pas necessairement style ; au bout, il peut simplement y avoir une production plate et anonyme:

«Un poeme de l'abbe Cottin est aussi elabore qu'un sonnet de Baudelaire».

Cette conception est, en fait, celle d'une stylistique de l'ecart.

Nous avons vu, effectivement, que l'on definissait d'une maniere com-mode le style comme un ecart entre la langue et l'usage particulier qu'en fait tel sujet parlant. Cette definition traditionnelle, evidente a premiere vue, se heurte a un certain nombre de difficultes : parler d'ecart suppose qu'on peut identifier les frontieres qui lui donnent une existence. Cette identification est-elle possible ? Si l'on appelle ecart un fait de parole qui constituerait une faute par rapport au code de la langue, on verra bien vite que le champ d'application concerne par cette definition se revele forcement limite : la conjugaison de Zazie (R. Queneau) ou de Berurier (San-Antonio) n'est en infraction qu'envers le code de la langue soutenue, mais rend bien compte du paradigme du code d'une cer-taine langue parlee. Dans ce cas, l'ecart n'est finalement pas autre chose que l'usage d'un sous-code linguistique.

Cette position permet de proceder a des inventaires precis. Il est, en effet, facile de classer les infractions au code de la langue soutenue que l'on rencontre dans cette expression courante dans la bouche de Berurier : « Le mec dont au sujet duquel je vous cause...» Mais cette position ne permet guere d'obtenir un bon resultat avec le vers celebre de Victor Hugo: «Sa barbe etait d'argent comme un ruisseau d'avril». On pourra repondre que le vers de Hugo represente ici, non pas une infraction au code de la langue, mais une difference par rapport au niveau non marque de la parole -- quelque chose comme un « degre zero de l'ecriture » (R.Barthes), sorte d'etat neutre, d'usage moyen dont on admet l'existence -- et que cette difference est un ecart qui permet de definir le style. Le celebre Aujour-d'hui, maman est morte de Camus representerait assez bien ce niveau non marque ; mais cette « non-marque » envahirait-elle L'Etranger du debut a la fin, elle defini-rait finalement un style : le choix d'une ecriture non marquee (encore faudrait-il pouvoir dire ou commence et ou finit une telle ecriture) est, en fin de compte, une marque voyante. En revanche, s'il est vrai que le style est ecart par rapport a l'usage non marque, il faudrait admettre que le Voltaire qui suit, dans sa correspondance, l'usage soutenu du francais de sa classe et de son temps, n'a pas de style.

On s'apercoit vite, a la suite de Mounin, que la notion d'ecart bute sur une difficulte importante : tout choix n'est pas style, et certains ecarts ne sont, apres tout, que « des gadgets stylistiques sans aucune fonction poetique ». L'ecart est, certes, une caracteristique du style, mais, a lui seul, il ne saurait faire tout le style ; il peut meme n'avoir qu'une place restreinte (exemple de la correspon-dance de Voltaire). A cela, on ajoutera que la marque elle-meme est relative : un cliche qui repre-sente une « non-marque » dans l'usage courant peut devenir une marque dans un texte litteraire par exemple ; inversement, un mot banal dans un poeme de Michaux qui privilegie les neologismes, inconnus du langage usuel, prend le relief particulier d'une marque distincte.

Les stylistiques de l'ecart ont donne des resultats interessants, souvent admirables. G.Marouzeau, R.Jakobson, avec des demarches differentes, ont fonde leurs travaux sur cette notion. Peut-etre, pour eviter les ecueils que nous venons d'enumerer brievement, pourrait-on remplacer la notion d'ecart par celle de variables. Plutot que d'essayer de definir l'ecart par rapport a un code, vaudrait-il mieux essayer de cerner des variables par rapport a d'autres variables, cela par la delimitation d'un corpus. Pour eviter aussi cet ecueil que constitue l'ecart, M.Riffaterre remplace la norme par le contexte et fait appel a la notion de probabilite. L'ecrivain, en effet, utilise un surcodage constitue de procedes dont le role est de souligner (« le langage exprime » -- « le style souligne »). Par ce surcodage, il rend imprevisibles les elements qu'il desire imposer au decodage. Plus cette imprevisi-bilite est grande, plus la probabilite donc est faible, plus il y a style.

Mais on remarque que, ici encore, on en est reduit a mesurer un ecart (entre ce que l'on attend d'apres le contexte, et ce que le texte nous donne). Cet ecart est bien mince dans la correspondance de Voltaire ou le degre de probabilite est grand. Peut-on dire que le style de Voltaire existe a peine ?

Ce que nous venons de voir nous montre que le style est un phenomene complexe, difficile a enfermer dans une formule generale, ou dans une mesure simple et universelle. On aura besoin de bien des outils pour arriver a le cerner d'une maniere satisfaisante. C'est que l'oeuvre litteraire est un temoignage humain, personnel, et que, comme tel, elle met en mouvement un reseau complique et deli-cat d'elements divers. On approchera peut-etre un peu plus de la realite du style avec la notion de connotation.

Si tout signifiant a un signifie linguistique connu des membres de la meme communaute parlant la meme langue, il n'en est pas moins vrai que tout signi-fiant comporte un certain nombre de donnees de nature non linguistique qui ne coincident pas d'un sujet parlant a un autre. Nous n'apprenons pas les mots dans des situations identiques ; cela explique que chacun de ces mots porte une charge affective qui varie d'individu a individu. C'est pourquoi tel poeme me bouleverse qui n'atteint mon voisin que mediocrement.

C'est pourquoi la stylistique est chose si difficile : les connotations sont essentielles pour comprendre ce qu'est le style de tel ecrivain et pour comprendre pourquoi cet ecrivain me touche ; mais le domaine qu'elles nous revelent est difficile: une analyse scientifique, systematique donc, est encore a inventer. On peut cependant tirer tout le parti possible de ce que la linguistique nous offre et, donc, reduire le champ de nos incertitudes par l'utilisation metho-dique des moyens d'investigation qu'elle nous propose : donnees de la linguisti-que historique et donnees de la linguistique descriptive dans tous les domaines : phonique, morphologique, syntaxique, lexical.

Du Moyen Age au XIXe siecle, la stylistique est tout entiere contenue dans la rhetorique, heritee de l'Antiquite. La rhetorique, « a la fois science de l'expres-sion et science de la litterature », se preoccupait de l'analyse du discours : de son argument (inventio), de sa composition (dispo-sition, du choix de ses termes (elocutio -- etude des figures ou tropes).

Art de composer un discours et art de persuader par consequent, la rhetorique a sans cesse montre un double visage : normatif et descriptif (puisque son analyse lui fournissait les moyens de son enseignement). En refusant la visee normative de cette discipline (refus legitime, car un art d'ecrire n'avait plus sa raison d'etre), le romantisme a contribue a sa ruine. Depuis, la rhetorique est tenue en bien mediocre estime. C'est trop vite oublier (une fois denonces son aspect contraignant et sa «rage de nommer», comme l'ecrit G.Genette) que ses classifications correspondaient a quelque chose et que sa description est encore aujourd'hui la seule dont nous disposions sur certains aspects du langage (elle nous offre avec une rigueur vraie « une etude systematique des ressources du lan-gage»).

Cependant, reconnaitre que « l'on a jete parfois le bebe avec l'eau du bain » ne signifie pas que la stylisti-que contemporaine doive revenir a l'ancienne rhetorique ; et reconnaitre la valeur de ses classements ne signifie pas davantage que l'on doive accorder une confiance aveugle en leur efficacite, ne serait-ce au moins que parce que « l'effet d'une figure varie avec le contexte ».

De fait, malgre le regain d'interet que connait actuellement la rhetorique, la stylistique garde ses distances avec cette discipline dont elle a, plus ou moins, retenu les lecons. On est d'abord passe, sous l'influence de la linguistique historique, par un grand vide : le style que les epithetes ne qualifient plus avec precision (style tragique, par exemple, n'exprime plus qu'une impression et non une description objective comme c'etait le cas a l'epoque classique), n'est plus l'objet d'une etude scientifique. Puis, avec Ch.Bally, dont les recherches procedent cependant de l'ancienne rhetorique, on n'a que mepris pour les « termes techniques et rebarbatifs» qu'elle proposait. Ce mepris, pourtant, est reconfortant : il annonce qu'au vide succede l'etude et que le style, redevenant objet d'analyse, reprend place parmi les preoccupations des linguistes ; c'est que l'ecole saussurienne a retrouve le probleme du style, du fait meme qu'elle pose l'opposition langue/parole. Mais, mefiante envers l'acte original que constitue le style individuel, elle s'interessera au premier chef a l'etude des styles collectifs. Ce sera ce que l'on appelle la stylistique de l'expression. Au contraire, sous l'influence de l'ecole idealiste (Schuchardt), on s'etait mis a penser que le style individuel etait interessant puisqu'il etait veritablement l'homme et qu'il contenait, outre un art qui puisait ses moyens dans une langue commune a tous, toute l'originalite et la personnalite de l'ecrivain. Aussi l'etude du style sera-t-elle, non le classement des faits de langue consideres en eux-memes, mais la recherche de l'esprit qui preside a la mise en ?uvre des materiaux qu'ils constituent, qui preside en definitive a la creation litteraire.

La stylistique descriptive ne se preoccupe que du fait linguistique pris en lui-meme. C'est Ch.Bally (eleve et successeur de F.de Saussure) qui a fonde veritablement la stylistique descriptive en tant qu'etude systematique: « La stylistique etudie les faits d'expression du langage du point de vue de leur contenu affectif, c'est-a-dire l'expression des faits de la sensibilite par le langage et l'action des faits de langage sur la sensibilite ». Mais Ch.Bally etudie surtout la valeur expressive des structures linguistiques plutot que leur role ponctuel dans telle situation precise. C'est dire que sa demar-che est une stylistique de la langue, non une stylistique de la parole ; et que Ch.Bally ne se preoccupe point de l'usage particulier qu'un ecrivain, par exemple, ferait de ces structures dans un cas donne. Ce serait la affaire de « style » (= de critique litteraire), non de stylistique.

Les valeurs stylistiques. Soit un enonce : [bosup m0sj0 kupbs]. Cet enonce, en plus d'une valeur notionnelle (les sons articules independamment de toute intonation particuliere informent mon interlocuteur de mon salut), a une valeur expressive et une valeur impressive. Celle-ci est faite d'une intention qui cherche a produire une impression sur l'interlocuteur (respect, ironie, indifference feinte etc.); celle-la trahit les origines sociales, les tendances psychologiques du locuteur. Ces deux valeurs interessent Ch.Bally comme des valeurs stylistiques.

Ch.Bally definit ce qu'il appelle les effets naturels et les effets par evocation. L'ellipse, par exemple, qui est apte, par le raccourci qu'elle propose, a exprimer l'emotion, est un effet naturel; l'emploi d'une syntaxe argotique qui reflete l'appartenance a une classe sociale ou a une mentalite particuliere est un effet par evocation. C'est dire que la stylistique de Ch. Bally s'interessera aux tons (familier, soutenu, etc.), aux styles (familier, epique etc.), aux diverses langues (parlers d'epoque, langues des groupes sociaux, influences regionales et dialectales, etc.) et dans chaque categorie citee, elle etudiera les composantes linguistiques que sont la phonetique, la morphologie, la semantique et la syntaxe.

12. Analyse linguistique du recit

S'exercant sur un discours, la stylistique ne peut guere se passer, comme nous avons vu, des enseignements que peut lui fournir la lin-guistique : connaissance historique de la langue, description de la substance phonique qu'est un texte, description de la morpho-syntaxe de la langue dans laquelle le texte est ecrit, connaissance du lexique, etc. Faute de tenir compte des observations positives faites par le linguiste, la stylistique se dirigerait vers l'impres-sionnisme de la critique litteraire pratiquee par ce que l'on appelle l'honnete homme. Aussi a-t-on essaye d'introduire la methode et les concepts de la linguisti-que dans l'etude du recit, c'est-a-dire au-dela de la phrase. Generalement, la linguistique, en effet, s'arrete a la phrase qui est « le plus petit segment qui soit parfaitement et integralement representatif du discours » (A.Martinet) : « Ayant decrit la fleur, le botaniste ne peut s'occuper de decrire le bouquet ». Mais, comme la phrase, le discours (ensemble de phrases) est un ordre, organise, avec ses regles, ses unites, sa grammaire : «Au-dela de la phrase et quoique compose uniquement de phrases, le discours doit etre naturellement l'objet d'une seconde linguistique ». Etudie a partir de la linguistique, le discours sera traite comme une grande phrase (dont les unites ne seront pas necessairement des phrases, au sens gram-matical du terme). Comme tel, il participe d'un systeme qui a sa grammaire, ses unites fonctionnelles (aux fonctions elementaires de l'analyse grammaticale cor-respondent les personnages d'un recit) et il pourra etre analyse a trois niveaux -- concept fourni par la linguistique -- de description (les fonctions, les actions, la narration).

Pour ne donner qu'un exemple, on rappellera que le premier niveau est fait de fonctions qui sont de nature distributionnelle et d'indices qui sont de nature integrative (et qu'il faut donc « denouer ») ; a ce niveau, on pourra deja donc effectuer un premier classement des recits : fonctionnels (les contes populaires), indiciels (les romans psychologiques). On peut meme ne se preoccuper que de proceder a une analyse formelle du recit qui aura le merite d'inviter a s'interroger « sur ce qu'il convient d'appeler la structure profonde du texte». Il faut, en effet, supposer que le texte est une structure si l'on souhaite le decrire scientifiquement.

On ne peut, en effet, eviter la linguistique : le texte litteraire est langage et communication, il est un objet linguistique. A partir de ce postulat, on peut poser, a la suite de M. Arrive, que le texte litteraire est clos (= « limite dans le temps et/ou l'espace » ; ou = « structuralement fini », I. Kristeva), qu'il n'a pas de referent et qu'il est soumis aux structures linguistiques (il « s'insere dans les structures » d'une langue et il « constitue par lui-meme un langage »).

C'est dire qu'il faudra tirer les consequences methodologiques de ces postulats, a savoir : l'adoption des methodes linguistiques pour la description stylistique, le refus de tout recours a un referent et aussi le refus de prendre en consideration toute information qui serait exterieure au texte a etudier.

Tout n'est cependant pas linguistique dans l'objet stylistique que consti-tue un texte litteraire. Que la linguistique fournisse au stylisticien des instruments de travail, c'est une chose. Il n'empeche : le stylisticien « reste souvent conscient que, s'il se prive de l'apport de l'histoire litteraire et refuse de considerer le contexte reel pour ne chercher les indices que dans les formes, que ce soient les formes de l'expression ou celles du contenu, une part du phenomene litteraire, l'aspect concret de celui-ci, lui echappe». C'est dire qu'il n'y a pas que les linguistes qui revendiquent le droit de parler du style et que, parmi les linguistes qui en parlent, certains revendiquent le droit d'en parler a l'aide d'outils qui n'appartiendraient pas tous a la linguistique. «La stylistique apparait au carrefour de bien des routes. La grammaire, la linguistique, la linguistique comparee, la statistique, l'histoire litteraire, la caracterologie, la rhetorique (au sens d'etude des procedes et liberee de ses aspects normatifs), la dialectologie, la critique.. projettent sur le phenomene du style l'eclairage de leurs methodes».

C'est qu'en effet, dans la bousculade des options et des methodes, on assiste a l'utilisation, dans le domaine de la stylistique, non seulement de la lin-guistique, mais de ce qu'on appelle les sciences humaines reputees rationnelles, objectives, scientifiques. Et peut-etre, apres tout, le paradoxe est-il la : tout, dans l'etude du style, n'etant pas linguistique, la stylistique tache de renforcer son efficacite en faisant appel aux outils fournis par les sciences humaines par les-quelles elle se sent concernee et par lesquelles elle souhaiterait etre solidement epaulee ; or, il se trouve que dans les sciences physiques memes, on prend conscience que l'apprehension des faits passe par la pensee de celui qui les apprehende que, bousculant ce que l'on appelait objectivite, cette pensee est deformante. C'est dire qu'il y a peut-etre illusion a vouloir evincer l'humain de l'etude du style sous le principe vain d'une objectivite sujette a caution. Cela ne signifie pas que tout effort pour fournir au stylisticien des outils solides ne soit pas utile; mais cela pose au moins le probleme de l'interpretation des resultats obtenus, de leur utilisation aussi, c'est-a-dire en definitive le probleme du role de la stylistique que de la demarche de celui qui la pratique. On peut repondre a ce probleme en renversant les donnees, en definissant l'objet de la stylistique, le texte donc, non plus par son role communicatif mais comme productivite : le texte « ouvre un ecart entre la langue d'usage, « naturelle » destinee a la representation et a la comprehension, surface structuree dont nous attendons qu'elle reflechisse les structures d'un dehors, exprime une subjectivite (individuelle ou collective) -- et le volume sous-jacent des pratiques signifiantes [...] ou les significations germent « du dedans de la langue et dans sa materialite meme » selon des modeles et un jeu de combinaisons [...] radicalement « etrangers » a la langue de la communication ». Et, au bout du compte, en refusant toute speci-ficite au texte litteraire, situe du meme coup parmi toutes les autres pratiques semiotiques, a egalite avec elles : c'est alors, proprement, nier qu'il existe un objet stylistique. Mais on peut aussi, si on pose que le texte litteraire est un objet stylisti-que, dire que « la stylistique litteraire etudie, dans le contexte historique des ?uvres et des auteurs, le probleme de l'expression, dans ses details et dans son ensemble compose». Il ne faudra pas alors s'etonner de voir la stylistique s'appuyer sur la linguistique mais ne s'appuyer sur elle que jusqu'a un certain niveau... qui ne sera pas le meme pour tous les chercheurs, ni s'etonner que les uns voient dans le stylisticien un critique litteraire pendant que les autres preserveront la qualite d'activite scientifique de la discipline qu'il pratique en n'allant pas au-dela d'un bilan qui degagera «l'adequation efficace d'un systeme expressif et d'un contenu», ni s'etonner enfin que l'intuition joue, comme dans les sciences, un role de detecteur. «Si la critique stylistique a tout a gagner aux observations d'une science du style, elle doit finalement en transcender les categories necessairement etroites».

La linguistique, etude scientifique du langage humain, a, depuis vingt ans, ete la bonne fee des sciences humaines. Il n'est pas de porte qu'elle n'ait paru devoir ouvrir miraculeusement. Elle a prete son vocabulaire a la sociologie, a la psychanalyse, a l'histoire, a l'analyse des mythes. Elle a meme deborde sur la biologie d'un cote, sur la critique litteraire et artistique de l'autre.

La linguistique est generalement definie comme l'etude scientifique du langage. Mais cette discipline, qui part donc de l'etude du langage, en arrive surtout a s'en occuper des langues.

La linguistique comme description des langues: elle s'appuie sur l'observation objective du comportement linguistique des sujets parlants; elle decrit tout ce qui caracterise en propre une langue reconnue comme telle, considerant que l'etude d'un etat de langue peut avoir valeur explicative, et pas seulement descriptive. Se proposant comme ideal les methodes des sciences de la nature et l'objectivite du physicien, elle considere une langue comme un systeme de signes linguistiques.

La linguistique comme etude du fonctionnement du langage : elle s'appuie sur une conception unitaire du langage humain, considerant que les langues particulieres ne sont que des cas particuliers du langage.

La linguistique comme une science tres developpee a plusieurs branches. Dans ce travail nous allons nous arreter sur la linguistique textuelle ou bien l'analyse de textes et nous allons essayer d'eclaircir toutes ses particularites, et ainsi que ses liens avec d'autres sciences.

Les liens de la linguistique textuelle avec d'autres sciences sont evidents. Elle est liee avec lexicologie, semasiologie et, bien sur, avec le texte lui-meme, car c'est a travers le texte qu'on decouvre toutes les facultes du mot et qu'on realise les acceptions figurees (secondaires) du langage.

La linguistique textuelle a aussi des liens avec la linguostylistique qui a pour but de decrire tous les types des textes.

Donc les domaines des recherches de ces deux sciences sont etroitement lies. Linguostylistique etudie aussi les moyens expressifs du langage, et notamment les recherches du potentiel expressif des unites de la langue des differents niveaux et leur realisation dans le texte. Les dernieres annees linguostylistique a deux directions fondamentales :

la description systematique des elements stylistiquement marques;

l'etude de leur fonctionnement.

La linguistique textuelle est liee a la syntaxe. L'etude du texte devient possible s'il existe des unites qui se caracterisent par des facultes particulieres de leurs elements.

La linguistique textuelle se differe d'autres disciplines linguistiques. Cela concerne notamment la methode des recherches : linguistique du texte se caracterise par explication des phenomenes linguistiques non seulement a l'aide d'eux-memes, mais aussi grace aux facteurs extra-linguistiques : la perception du texte et l'objectif communicatif.

Objet de la linguistique textuelle

La linguistique du texte s'occupe de systematisation des faits sur la diversite du fonctionnement des unites de la langue dans le texte.

A present la linguistique textuelle attire une attention particuliere des linguistes. Les dernieres decennies sont marquees par le vaste developpement de cette science.

Sous le nom d'analyse de textes se trouvent liees deux recherches associees mais distinctes. Il s'agit d'une part de decrire l'ensemble des structures linguistiques plus grandes que les structures traditionnellement analysees dans le cadre de la phrase.

L'interet vers l'etude du texte est conditionne par tendance d'expliquer une langue comme un phenomene global du point de vue de la linguistique moderne, comme un moyen de communication, d'etudier plus profondement les liens de la langue avec differentes cotes de l'activite humaine qui se realise a travers le texte. On peut aussi expliquer cet interet par tendance d'etudier les regularites de la langue qui ne se decouvrent que dans le texte. La linguistique textuelle est une science qui etudie la nature et l'organisation des conditions de la communication.

L'idee d'etudier le texte suivi a paru pour contrebalancer “atomisme” et d'autres methodes des recherches qui etaient proposees par les ecoles structuralistes. La linguistique structurale ne satisfaisait plus car il y avait plusieurs phenomenes qu'elle ne pouvait pas expliquer.

On peut mettre en relief quelques directions du developpement de la linguistique du texte :

1. l'etude du texte comme systeme superieur;

2. la construction de la typologie des textes selon les parametres communicatifs et les marques linguistiques;

3. l'etude des unites composant le texte;

4. la mise en relief des categories du texte;

5. l'etude des liens et des relations entre les phrases.

Notion de texte dans la linguistique textuelle

On n'a pas encore la seule notion de texte qui serait complete et porterait le caractere terminologique. Donc on va s'arreter sur celui-ci: « Le texte est une quantite de propositions qui sont liees par differents types de liaison lexicale, logique et grammaticale, capable de rendre une information organisee ».

Conformement a cela l'objet d'etude de la linguistique textuelle est le texte qui est le produit du langage parle ou ecrit.

Le texte peut se trouver dans un etat de calme ou bien dans un etat de mouvement. Son existence n'est bornee de rien.

Le texte reflete l'actualite et donne des renseignements sur cette derniere.

Il existe plusieurs conceptions qui interpretent differemment la notion de texte.

Texte litteraire

Le texte litteraire c'est un systeme secondaire parce qu'y se croisent le reflet du monde objectif et l'invention de l'auteur. La langue naturelle est un materiel de construction pour le texte litteraire. La langue du texte litteraire possede un systeme particulier de signes qui reste le meme pour differentes langues.

Regles du discours 

Par commodite, on distinguera deux ensembles de regles, d'ail-leurs etroitement lies : a) le premier reunit les regles qui permettent la relation qu'il faut instaurer entre l'enonciateur et le destinataire pour que la persuasion soit effective ; b) le second concerne, plus specifiquement, les moyens techniques qu'il faut mettre en ?uvre, c'est-a-dire le travail du texte par l'enonciateur.

Aristote distingue trois types d'arguments : l'argument ethique, l'argument pathetique et l'argument logique. Les deux premiers sont d'ordre affectif, le troisieme d'ordre rationnel. L'argument ethique renvoie aux valeurs morales qui, normale-ment, doivent s'attacher a la personne de l'orateur.

L'argument pathetique renvoie plutot aux effets de caractere psychologique que l'orateur doit susciter chez le destinataire.

L'argument logique renvoie a l'argumentation meme que l'orateur developpe, c'est-a-dire a la dialectique du discours, aux preuves qu'il choisit et a la maniere qu'il a de les agencer.

Le travail du texte. -- S'il est vrai que l'art oratoire est un tout et, comme l'appelait G. Molinie, que la personne physique de l'orateur, son sens de la gestualite, son vetement meme importent, il reste qu'il se realise essentiellement dans l'elaboration du discours. Le discours est concu comme un acte de langage complexe, traditionnellement divise en quatre temps, qu'on designe par quatre termes techniques repris par calque des traites de rhetorique en langue latine : l'invention, la disposition, l'elocution et l'action.

-- L'elocution : moment encore preparatoire, qui concerne l'ecriture meme du discours, notamment sa forme ou style. Cette exigence stylis-tique, sur laquelle insiste beaucoup Aristote, se laisse definir a partir de la notion clef de convenance. Il faut qu'il y ait un rapport aussi etroit que possible entre l'objet traite et la maniere de le traiter.

L'action : c'est « la prononciation effective du discours » ce qu'il peut impliquer d'effets de voix, de mimique et de gestique»

Liens de la linguistique textuelle avec la stylistique

Il faut bien preciser le fait que la linguistique est etroitement liee a la stylistique et surtout a la stylistique fonctionnelle.

La stylistique est a la fois une methode et une pratique, c'est-a-dire une discipline.

La stylistique est partie de la linguistique, entendue au sens de science du langage.

La linguistique, comprend incontestablement des disciplines diverses : phonetique et phonologie, semantique, lexicologie, syntaxe (pour ne citer que des domaines bien connus)... stylistique.

La stylistique est ainsi un instrument de la critique (et notamment de la critique d'attribution).

On pose le postulat suivant : une maniere litteraire est le resultat d'une structure langagiere. Decrire une structure langagiere, c'est demonter les elements qui la composent, mais auxquels elle ne se reduit pas, et mettre au jour les diverses grilles qui organisent ces elements.

La pratique stylistique ne peut donc etre que structurale.

On peut d'abord envisager de quoi est compose le champ stylistique.

Texte en cadres de la stylistique.

Toutes ces deux sciences sont unies par le meme objet d'etude : LE TEXTE. Qu'est-ce que c'est donc un texte?

Evidemment, il faut entendre texte au sens large : depuis l'unite qui se donne elle-meme comme telle (scene, chapitre, poeme), jusqu'a l'oeuvre complete et meme a la serie gene-rique.

Justement, le texte est un montage, par un cote ou par l'autre : montage de structures langagieres a la production, y compris montage, plus automatique, des modeles generaux d'expression par rapport aux types fondamentaux de discours.

La notion de style est determinante pour evaluer la convenance entre l'objet traite et la forme du discours. Le style, composante centrale de l'elocution dans les genres rhetoriques, devint naturellement une composante tout aussi centrale dans les genres poetiques une fois que ceux-ci furent reinterpretes par reference a ceux-la. Il en resulta que l'etude de la forme des genres poetiques ne fut plus seulement l'etude des moyens d'expression (prose contre vers) ou des modes d'imitation (imitation pure ou recit), mais finit par inclure aussi l'etude des niveaux de langue en convenance avec tel ou tel sujet (ainsi la langue de la tragedie ne saurait se confondre avec celle de la comedie) et accorda une place majeure aux elements ornementaux que sont les figures de rhetorique, pensees comme un element essentiel du pouvoir de seduction que l'?uvre litteraire doit posseder a l'instar de tout discours (notamment le judiciaire).

Langue et style sont, selon Barthes, deux choses qui s'imposent a l'ecrivain et dont il n'est pas responsable. La langue est un « objet social » et, comme telle, elle « reste en dehors du rituel des Lettres »; elle est « en dehors de la litte-rature » .

Le style « est presque au-dela » : « Des images, un debit, un lexique naissent du corps et du passe de l'ecrivain et deviennent peu a peu les automatismes memes de son art. ».

A ces deux natures, R. Barthes oppose l'ecriture qui resulte d'une inten-tion et d'un choix ; l'ecriture est alors un engagement, une fonction, un « acte de la solidarite historique ».

Une histoire de la langue francaise permet de dresser un inventaire (incomplet bien sur) des moyens linguistiques d'une epoque et d'un groupe donnes. Le lexique et la syntaxe des gentilshommes du XVIIe siecle ne sont pas tout a fait ceux des philosophes du XVIIIe, qui different encore de ceux des jeunes gens romantiques de 1830. Ainsi existe-t-il des langues d'epoques, mais aussi des langues de classes sociales et des langues de groupes sociaux: langue des paysans, des intellectuels, des bourgeois; langue de l'Administration, de l'Universite, de l'Eglise; langage des corps de metiers, des techniques diverses, des partis politiques, des mouvements d'idees; argot des lyceens et des etudiants (de l'ecolier limousin de Rabelais jusqu'a nous), des spor-tifs, des journalistes, des «mauvais garcons», des militaires, etc. A tout cela s'ajoutent encore les traits regionaux fournis au francais par les langues ethniques (breton, catalan, occitan, basque, etc.) et les traits que l'age et le sexe contribuent a distinguer (parler des enfants, opposition du lexique jeunes gens/jeunes filles). Tout cela represente une masse considerable de faits que la stylistique ne pourra ignorer puisque style et ecriture puisent leurs materiaux dans cette masse.

Ce que nous venons de voir nous montre que le style est un phenomene complexe, difficile a enfermer dans une formule generale, ou dans une mesure simple et universelle. On aura besoin de bien des outils pour arriver a le cerner d'une maniere satisfaisante. C'est que l'oeuvre litteraire est un temoignage humain, personnel, et que, comme tel, elle met en mouvement un reseau complique et deli-cat d'elements divers.

Du Moyen Age au XIXe siecle, la stylistique est tout entiere contenue dans la rhetorique, heritee de l'Antiquite. La rhetorique, « a la fois science de l'expres-sion et science de la litterature », se preoccupait de l'analyse du discours : de son argument (inventio), de sa composition (dispo-sition, du choix de ses termes (elocutio -- etude des figures ou tropes).

Analyse linguistique du recit

S'exercant sur un discours, la stylistique ne peut guere se passer, comme nous avons vu, des enseignements que peut lui fournir la lin-guistique : connaissance historique de la langue, description de la substance phonique qu'est un texte, description de la morpho-syntaxe de la langue dans laquelle le texte est ecrit, connaissance du lexique, etc.

On ne peut, en effet, eviter la linguistique: le texte litteraire est langage et communication, il est un objet linguistique. A partir de ce postulat, on peut poser, a la suite de M. Arrive, que le texte litteraire est clos (= « limite dans le temps et/ou l'espace » ; ou = « structuralement fini », I. Kristeva), qu'il n'a pas de referent et qu'il est soumis aux structures linguistiques (il « s'insere dans les structures » d'une langue et il « constitue par lui-meme un langage»).


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